Quels sont les avantages de la collaboration freelance-entreprise ?
Le freelance est-il un talent comme les autres ? Nous entendons beaucoup parler du freelancing mais il est souvent difficile d’appréhender le quotidien d’un indépendant. C’est notamment le cas pour bon nombre d’entreprises qui n’osent pas encore faire appel à ces talents car ce statut soulève de nombreuses questions. Est-ce qu’un freelance coûte réellement plus cher qu’un salarié ? Les freelances sont-ils des talents moins engagés que les salariés ? Dans cet article, nous vous proposons des amorces de réponse à l’aide du retour d’expérience de Jérémy Benmoussa, ancien freelance et Chief Digital & Data Officer France & Iberia, qui partage sa vision du potentiel de la collaboration freelance-entreprise.
Sommaire
Quel est le quotidien d'un freelance ?
Quels avantages de collaborer avec des freelances ?
Miser sur le total workforce management
Quel est le quotidien d’un freelance ?
Le portrait d'un freelance
À l’origine, le mot freelance prendrait sa source dans la littérature : le freelancer était celui qui vendait sa force de combat au seigneur ayant les moyens de s’offrir sa protection. Aujourd’hui, le freelance est un professionnel qui vend son expertise, à la différence d’un salarié qui offre de son temps à une entreprise afin de pouvoir y exercer ses compétences.
"Le freelancing est une réponse très personnelle. Les travailleurs se lancent en freelance parce qu’ils ont avant tout envie d’être autonomes, de gérer leur temps et de manager leur propre projet.” explique Jérémy Benmoussa."
À première vue, le freelance serait donc moins sensible à la notion d’engagement qu’un salarié. Mais pour cet ancien freelance, c’est justement un contre-sens qu’on ne doit pas commettre.
"Patron ou client, peu importe. Nous sommes engagés sur des projets. Quand j’étais dirigeant, j’avais une responsabilité envers mes salariés. Quand j’étais freelance, j’étais responsable des projets de mes clients. Qu’importe le statut, j’avais toujours un engagement vis-à-vis d'un tiers."
La liberté de créer ses opportunités
"Tout le monde n’est pas fait pour être freelance ou entrepreneur. Selon moi, il y a ceux qui ont envie d’être autonomes, de choisir leurs missions, de monter leurs projets et il y a ceux qui ont envie de rester salariés. Pour autant, ce n’est pas un choix définitif. Je pense que ce sont surtout des étapes de vie."
De fait, un freelance et un salarié ne partagent pas les mêmes avantages. C’est peut-être ce qui marque la différence entre ces deux statuts. La liberté du statut de freelance ne peut pas se détacher de la notion de risque. Le salariat, au contraire, bénéficie d’un cadre plus protecteur puisque les salariés octroient leur temps pour une entreprise, et ce, sur la durée. Les employeurs ont donc le devoir de s’assurer de leur sécurité financière notamment.
“Il ne faut pas devenir freelance pour faire ce qu’on fait en tant que salarié, avec des horaires fixes, un seul client et donc les mêmes contraintes. Être freelance, cela implique justement la liberté et l’autonomie de s’éloigner du schéma du salariat. Les freelances ont donc le devoir d’aller chercher d’autres avantages, comme le gain de temps ou le gain pécunier. Le freelancing permet de se créer des opportunités et souvent, cela correspond aux personnes qui ne sont pas trop attentistes.”
Quels avantages de collaborer avec des freelances ?
La flexibilité au service de l’urgence
Le freelancing revêt une difficulté majeure pour beaucoup d’entreprises : comment comprendre les freelances alors qu’ils sont si différents les uns les autres ? L’une des réponses est de ne pas appliquer les règles du salariat sur des profils qui ont justement choisi un autre schéma.
Il existe autant de freelances que de modes d’organisations : ceux qui travaillent en horaires décalés, ceux qui veulent gérer un ou 10 clients, etc. Côté entreprise, cette flexibilité est justement un avantage. Quand je fais appel à des freelances, je les contacte pour des missions très précises, pour mieux gérer mes coûts et bénéficier d’une flexibilité sur les compétences que je sollicite. Je travaille notamment avec des indépendants parce que j’ai des besoins ponctuels pour une expertise précise. Je ne vais pas recruter ces experts parce que ces besoins ne sont pas permanents. Le modèle du salariat s’applique donc mal à ce cas de figure.
Des relations professionnelles durables
Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, travailler avec un freelance peut justement développer une relation sur le long terme. Les entreprises ont tout intérêt à maintenir le contact avec les travailleurs indépendants qui ont collaboré sur leur projet et ce, pour plusieurs raisons :
Comme j’apprécie le modèle du freelancing, je vais préférer chercher des freelances qui vont monter une équipe afin de collaborer sur mon projet. On apprend à se connaitre, à travailler ensemble, on crée des relations humaines, c’est plus agréable en termes de projet et d’humain. Quand il y a des missions récurrentes : c’est un modèle gagnant-gagnant. Je crois profondément que les missions qui fonctionnent le plus sont celles où j’ai pu construire une relation durable avec les freelances parce qu’on a développé une méthode de travail commune. D’ailleurs, quand les freelances et les salariés se connaissent déjà, le démarrage du projet est plus rapide car les freelances sont plus facilement intégrés à l’équipe et les éléments de contexte leur sont déjà familiers.
Miser sur le total workforce management
Le freelancing crée tout un écosystème. Les freelances se connaissent entre eux et les entreprises qui les sollicitent sont généralement familières avec ces réseaux d’indépendants. Celles qui n’ont pas encore passé ce cap partagent souvent les mêmes problématiques : pénurie de talents, contraintes achats ou encore difficultés à manager les talents. Ces entreprises gagneraient à élargir leur champ de recherche en considérant davantage la collaboration freelance-entreprise, par exemple.
Le rôle d’un freelance est de rassurer les entreprises sur le fait que le statut n’est pas essentiel. Il doit rappeler que c’est l’engagement qui compte. Beaucoup d’entreprises ne font pas appel à des indépendants parce qu’elles ont une idée fausse du freelancing. Alors que par moment, ce serait peut-être un avantage considérable face à leurs problématiques de recrutement. Les grandes entreprises sont déjà nombreuses à l’avoir compris. C’est au tour des PME de le comprendre. Mais la responsabilité revient aux freelances qui doivent les rassurer et les convaincre de la nécessité de leurs services.
C’est notamment ce qui fait émerger le terme de total workforce management. Pourquoi ne pas effectivement concevoir l’entreprise comme un écosystème de talents internes et externes qui collaborent ensemble pour la réussite de projets communs ?
Les entreprises veulent avant tout que leurs projets aboutissent. En fait, nous voulons surtout que le projet respecte les délais, que le time to market soit résolu, que le business soit pratiqué et qu’il y ait surtout du chiffre d’affaires. Après tout, le statut des talents n’aura aucune importance sur le résultat du projet. Si l’employeur a envie de sécuriser ces compétences, alors cette question doit intervenir dans un autre cadre.
Le freelancing revêt de nombreux avantages pour les entreprises : flexibilité, expertise immédiate, meilleure gestion des coûts… Si les entreprises n’ont pas la possibilité d’offrir un contrat long terme, pourquoi alors se limiter au schéma du salariat ? Elles gagneraient beaucoup à investir dans ces nouveaux modes de collaboration qui sont là, avant tout, pour permettre à chacun d’atteindre ses objectifs. Si les projets atteignent les résultats attendus et si les talents se sentent plus épanouis, qu’attendons-nous pour mettre en place ce cercle vertueux à plus grande échelle ?